1-departs

Cette fois-ci la balade ne sera pas Canadienne, je n’ai rien demandé et on m’annonce au travail que j’aurai quatre jours de libres du 30 Décembre au 2 Janvier. L’envie de voir New York me trottait dans la tête depuis bien trop longtemps. Vous avez plusieurs solutions pour vous rendre sur place : la voiture pour ceux qui en possèdent une ou qui on confiance au covoiturage risquant d’être annulé deux heures avant le départ (oui oui ça m’est arrivé), l’avion pour les plus fortunés (oui oui je suis pauvre), le bus pour ceux qui aiment rester dans un environnement incroyablement chaud et avec l’espace pour les jambes incroyablement ridicule (oui oui j’ai déjà eu les genoux en sang) et enfin le train pour ceux qui ne sont pas pressés (non non il n’y a pas le feu au lac). J’ai déjà lu plusieurs retours positifs sur le voyage par le train Adirondack, du nom du massif du Nord – Est de l’État de New York que le parcours longe. Tous disaient la même chose : c’est lent, mais c’est beau. Il ne m’en fallait pas plus pour me prendre un billet aller-retour le soir même sur le site web d’Amtrak ( SNCF Américaine ). Départ prévu par l’Adirondack 68 à la gare centrale de Montréal le vendredi 29 Décembre à 10h20.

Après plusieurs retournements de situation pour me rendre à Montréal, entre les covoitureurs qui annulent au dernier moment, une tempête de neige qui menace, les chauffeurs de bus qui garantissent le départ mais pas l’arrivée, je suis enfin sur le quai du train 68 à destination de New York. Nous quittons Montréal dans un matin gris de lendemain de tempête, la visibilité au début du voyage ne sera pas optimale, obstruée par les bourrasques de neige, la glace sur les vitres du wagon et les nappes de brouillard. Mais j’ai devant moi toute une journée de train, largement le temps de laisser la météo s’améliorer, et puis nous filons droit vers le Sud.

Le train commence son périple en traversant la campagne Québécoise, le poste frontière de Rouses Point n’est qu’à 1h30, largement le temps de remplir les formulaires de déclaration de douanes et de vérifier une énième fois si le passeport ne manque pas à l’appel. Peu de temps avant d’entrer aux États-Unis, le Lac Champlain apparaît sur notre gauche, j’ai de la chance je me suis trouvé une place du meilleur côté pour admirer les paysages au mieux (vous l’aurez compris, à gauche dans le sens Nord – Sud). Le temps commence aussi à s’éclaircir, le regard porte déjà plus loin.

Le personnel d’Amtrak nous a annoncé que le train était complet, en effet il n’y a aucune place vacante dans la voiture, sûrement dû à la période des fêtes. Au wagon restaurant je fais la connaissance d’un Bordelais installé à Mexico depuis vingt ans, on discute un peu, on prend un café (il tord le nez à dès la première gorgée). Le contrôleur annonce l’arrivée à la frontière.

Avec le train ce sont les douaniers qui montent à bord, et mieux vaut ne pas plaisanter avec eux car ils n’ont pas franchement le sens de l’humour. Tout le monde a droit à son petit interrogatoire. Pour l’anecdote, une personne sur deux à se faire débarquer du train est de nationalité française, pourquoi ? Et bien à la question « portez vous une arme sur vous ? » nombreux sont les français qui tentent la plaisanterie en donnant une réponse du style « mais oui bien sûr, je ne me déplace jamais sans mon bazooka » (ok j’exagère pour le calibre). Avec ce genre de réponse vous pouvez vous imaginer que l’entrée sur le territoire sera aussitôt refusée et l’interrogatoire un peu plus poussé… Bref dans mon cas j’obéis bien sagement, rempli le nouveau formulaire de déclaration en m’acquittant de 6 dollars et en faisant des ratures partout (en voyant ça le douanier lève les yeux au ciel, je comprend dans son regard qu’il me prend pour l’idiot du village…).

Une heure plus tard le train reprend sa route, le passage des douanes s’est fait assez rapidement (contrairement au retour). Ça y est je vois enfin les États Unis pour de vrai. Le soleil est au rendez-vous, les rives du lac prennent des teintes orangées.

Nous longeons le lac Champlain plusieurs heures durant, parfois en s’éloignant pour ensuite revenir au plus proche, avec à peine une bande de sable séparant la voie ferrée de l’eau. Les montagnes du Vermont affichent leurs silhouettes de l’autre côté, le train n’est vraiment pas rapide, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Je me lève souvent pour grignoter au wagon restaurant et profiter de l’allée centrale pour me dégourdir les jambes. Le paysage alterne, enneigé par endroit, et sans un flocon quelques kilomètres plus loin, et ainsi de suite. Déjà plusieurs heures d’écoulées mais aucun sentiment d’ennui, le tableau est magnifique, j’ai mon café (à l’arôme certes particulier), de la bonne musique dans les oreilles (Galion, Arlo Guthrie, CCR…) et même le wifi (pour plus tard quand il fera nuit).

Le train s’arrête dans plusieurs villes, Lake Placid, Saratoga Springs, Albany, mais jamais très longtemps (à l’exception d’Albany où nous resterons immobilisés un sacré moment). En périphérie nous voyons quelques pêcheurs sur glace, le soleil commence à descendre, le ciel change progressivement de couleur, les nuages rougissent.

Nouveau spectacle durant le trajet que celui du crépuscule, parti d’un matin gris, le train s’enfonce dans un soir rouge, rose, bleu…

Quand vient la nuit je range mon appareil photo, il nous reste trois bonnes heures de route avant de voir autant de couleurs que celles qui viennent de s’éteindre. Je continue mon cocktail café, musique, bouquin touristique. Peu avant 21 heures j’achève ce qui est décrit comme « un des dix plus beaux parcours touristiques en train au monde » pour m’arrêter à Pennsylvania Station, en plein cœur de Manhattan, à peine fatigué je ramasse mes affaires, descends du train, monte un escalier qui m’amène dans le hall de gare, plein a craqué, je suis les panneaux de sortie, grimpe un autre escalier, pousse la porte qui donne sur la rue et boum !!! Je me retrouve au beau milieu du croisement de la 32eme rue et de la 7eme avenue, un vent frais, des lumières partout, du trafic dans tous les sens, des taxis jaunes qui klaxonnent comme des malades, un flux de piétons incessant… New York !

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